Historique

Les mémoires de la Ligue Romande de Football
 

Du jeu à l’écart des enjeux

L’histoire de la Ligue Romande de Football (LRF) coïncide avec l’arrivée de ce sport dans notre pays. Mais avant d’évoquer, dans ses grandes lignes, la vie de notre association jusqu’à ce jour, il nous paraît judicieux de resituer brièvement les origines du football. La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a été fondée en 1904 à Paris par la Belgique, le Danemark, la Hollande, l’Espagne et la Suisse. Quant à la première Coupe du monde, elle a été organisée par l’Uruguay en 1930, avec pour vainqueur l’Argentine.

De Chine en Grèce

Premier président de la FIFA, le français Jules Rimet a trouvé des traces de ce sport quelque 2000 ans avant J.-C. déjà, en Chine, où un empereur répondant au nom de Huang-ti encourageait la pratique d’une sorte de football en guise d’entraînement militaire. Ce jeu de balle nommé Tsu-chu faisait appel à un objet de cuir arrondi rempli de cheveux et de crin. Il se serait rapidement popularisé, suscitant des chants poétiques dont les héros étaient comparés à des dieux.

Les balles les plus anciennes proviennent de l’ancienne Egypte. Elles étaient rouges, vertes, jaunes, recouvertes de lin et remplies de paille ou de roseaux coupés. On se servit par la suite de vessies d’animaux gonflées d’air, lesquelles donnèrent des ballons plus souples qui avaient l’avantage de mieux rebondir mais l’inconvénient d’éclater plus facilement.

En Grèce, le football était pratiqué sous le nom d’épiskiros, avec quinze joueurs qui se disputaient une vessie de boeuf remplie de sable ou gonflée d’air, laquelle pourrait bien être le véritable ancêtre de notre ballon rond. Les légionnaires romains, eux, jouaient à l’harpastum, qui consistait à faire franchir à une balle les limites du camp adverse, à l’aide des mains ou des pieds, dans une sorte de football-rugby.

En France, il semble qu’on se soit inspiré des modèles grec et romain pour donner naissance à la choule ou soule, jeu pratiqué en Bretagne, en Normandie et en Picardie, au moyen d’une grosse balle de cuir remplie de son, de foin ou de copeaux. Les acteurs d’une rencontre représentaient deux villages et l’objectif était d’amener la balle sur le territoire adverse en écrasant tout sur son passage.

Ce jeu était tellement violent, injures, cris, voies de fait à tomber inanimé, qu’il fut interdit par édits royaux en 1319, en 1369 puis, définitivement, par édit du parlement français en 1781.

Une date-clé : 1863

En Italie, le jeu florentin appelé calcio a laissé son nom à la Fédération italienne de football. Il rassemblait dix-sept joueurs répartis en plusieurs lignes : avants, demis, arrières et gardiens de but. Selon une réglementation précise, on utilisait indifféremment les mains et les pieds.

En Angleterre, il est vraisemblable que la pratique du football remonte à la fin du 18e siècle. Le jeu réunissait surtout des étudiants appartenant au même collège (" public schools ") et se déroulait sans arbitre. Les irrégularités et les charges constatées, parfois brutales, incitèrent les amateurs de ce jeu à élaborer les premières règles du football à l’Eton College, en 1815. Il fallut toutefois attendre le 26 octobre 1863 pour que les délégués de sept clubs anglais de différents collèges établissent le code officiel des règles de jeu et fondent la Football Association of England à la taverne des franc-maçon de Londres. Un code qui fut ensuite mondialement reconnu, restant aujourd’hui encore à la base des exigences à respecter dans la pratique du football.

A partir de cet instant, il fut également admis que le football ne pourrait plus être joué avec les mains. Ainsi, des dissidents du collège de Rugby fondèrent, la même année, le jeu de rugby.

En guise de repères, on peut signaler la naissance du premier club français en 1872 (Le Havre Athletic Club), du premier club belge en 1878 (les Regates), du premier club italien en 1893 (Gênes), ou encore du premier club suisse en 1879 (le FC Saint-Gall).

Dans nos collèges

Dans La Légende du football (l’Age d’Homme, 1989, excellent ouvrage à recommander sans réserve), Georges Haldas avait bien raison en écrivant que " au fond, parler de football, c’est parler de tout un aspect de l’humanité ".

Ainsi, les étudiants anglais qui venaient parfaire leur formation dans les collèges helvétiques créèrent dans notre pays les premiers clubs, notamment dans la région lémanique. Le tout premier d’entre eux fut l’Institut du Château de Lancy, à Genève, en 1855. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce club fut créé avant le premier club anglais (le FC Sheffield en 1857).

On peut remarquer ici que le FC Montriond (1896), appelé à devenir le Lausanne Sports dès 1920, de même que le Servette FC, ont tous deux été fondés par des Suisses.

L’Association Suisse de Football (ASF) est née pour sa part le 7 avril 1895. Mais il a fallu attendre la saison 1898/99 pour assister au premier championnat officiel. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’un incident accéléra la création de la Ligue Romande de Football. Old Boys Bâle fut en effet déclaré vainqueur de la finale par forfait, son adversaire du Lausanne Football and Cricket Club composé essentiellement d’anglais refusant de jouer le dimanche.

Création de la LRF

Le 19 avril 1899, à l’hôtel Terminus de Lausanne, se réunirent les délégués des clubs de football de Suisse romande. Lesquels prirent la décision de créer la Ligue Romande de Football. Quelques semaines plus tard, au buffet de la gare de Lausanne, se tint l’assemblée constitutive, sous la présidence du professeur Woldemar Nietschke.

La LRF avait pour tâche principale de régulariser le jeu de football et d’encourager la création de nouveaux clubs. Tous les matches seraient joués en semaine, suivant l’usage anglais. Détruites par un incendie en 1955, les archives de la LRF ont emporté avec elles l’essentiel du souvenir de ces pionniers.

Il est toutefois possible de remarquer que jusqu’au début des années trente, la LRF fut essentiellement composée de clubs d’instituts, avec pour conséquence une forte présence de joueurs anglais. Mais les générations suivantes pratiquèrent d’autres sports (dont le tennis), ce qui amena les clubs corporatifs ou les clubs d’entreprises à s’intéresser et à entrer dans la LRF. Le virus du football était définitivement implanté.

La LRF a pourtant vécu des moments difficiles et a même failli disparaître durant la seconde guerre mondiale. Mais deux cadres supérieurs d’une banque de la place lausannoise s’engagèrent in extremis pour parer à cette triste éventualité. Et la LRF retrouva peu à peu sa vigueur pour se développer régulièrement dès la fin des années quarante.

Une contribution particulière

Si chaque membre a sans doute apporté sa contribution à la bonne marche de la LRF, deux personnes peuvent être mise en exergue pour leur apport particulier. Entré à la LRF en 1948, Paul Claret y a tenu tous les rôles ou presque. D’abord joueur, il fut ensuite arbitre, puis président durant 32 ans ! Quant à Marcel Béguin, il débuta lui aussi à la LRF comme joueur (en 1944), avant d’occuper la vice-présidence durant 40 ans.

C’est dans les années soixante que la participation a véritablement pris son envol puisque, des vingt clubs de la fin des années cinquante, on est passé à plus de septante. Ce qui posa naturellement le problème des surfaces de jeu nécessaires à ce grand nombre de matches désormais au programme. Ainsi, de Vidy, la LRF déménagea sur les hauts de la ville. Et c’est au Chalet-à-Gobet que, le 5 juin 1971, fut inauguré un nouveau centre sportif qui comprenait trois terrains et des vestiaires.

Aujourd’hui encore, la LRF affiche une santé remarquable malgré un contexte économique difficile. La soixantaine d’équipes représentées en est le signe le plus réjouissant. Reste à espérer que perdure cette belle et indispensable tradition d’un football pratiqué à l’écart des enjeux et de l’argent omniprésent.

Les présidents

  • Davide Malgioglio (en fonction dès 2020)
  • Daniel Guillemin (1996-2020)
  • Ernest Collet (1993-1995)
  • Pierre Jaccard (1992-1993)
  • Paul Claret (1960-1992)
  • Alfred Burla
  • Pierre Gribat
  • Robert Marguet
  • René Borgeaud
  • H. Frampton (1899)